Troisième film du DCEU après Man of Steel et Batman V Superman Dawn of Justice, Suicide Squad était très attendu et la campagne marketing du film ne s’est pas privé pour le vendre comme un film subversif, avec des « bad guys » en tant que protagonistes, un nouveau Joker, Harley Quinn etc. C’était sans compter sur les critiques qui se déchainent depuis sa sortie, pointant presque toutes dans la même direction : un ratage. Est-ce vraiment le cas ?
Après la disparition de Superman, qui constituait une menace selon le gouvernement des Etats-Unis, qui pourrait protéger la population si un autre méta-humain faisait son apparition ? Amanda Waller (Viola Davis), à la tête d’une organisation secrète gouvernementale, propose de rassembler un groupe constitués des pires criminels, la Task Force X, ou Suicide Squad comme on l’appelle. S’ils réussissent leur mission, il auront une (petite) remise de peine, dans le cas contraire…
Après une intro présentant les personnages importants à tout berzingue, la Task Force X se constitue et se rend en mission pour lutter contre…on ne sait pas trop quoi en fait… Et c’est le principal problème du film, faire tout à la va-vite, sans développer quoi que ce soit. Avec un habillage graphique très tape-à-l’oeil, et un montage qui se veut dynamique, Suicide Squad n’empêche paradoxalement pas de ressentir un ennui poli, car en fin de compte le film ne raconte pas grand-chose.
Dans Batman V Superman, il y avait au moins un fond, une thématique, les desseins de Lex Luthor, la volonté de vengeance de Bruce Wayne et les remises en question de Clark Kent sur l’utilité de Superman. Ici, on se retrouve avec un gloubiboulga coloré, avec des personnages tarés et dangereux qui ne le sont pas tant que ça, sans aucun enjeu.
Parmi les membres du Suicide Squad, Deadshot (Will Smith) et Harley Quinn (Margot Robbie) sont clairement mis en avant, les autres étant plus ou moins relégués au second plan. Mention spéciale à ce pauvre Killer Croc (Adewale Akinnuoye-Agbaje), pratiquement inexploité malgré son maquillage pratique très bien fait, et Slipknot (Adam Beach) qui ne sert strictement à rien.
Qui dit Harley Quinn, dit Joker (et Batman). Bien qu’ayant en partie monopolisé la campagne marketing du film, le Joker (Jared Leto) apparaît très peu, car Suicide Squad n’est pas centré sur lui. D’ailleurs il aurait très bien pu ne pas apparaître du tout, ça n’aurait pas changé grand-chose, même si la performance de l’acteur n’est pas en cause. Idem pour Batman (Ben Affleck), ces deux apparitions ne sont pas vraiment utiles pour le film, qui aurait mieux fait à la place de s’attarder sur l’histoire de ses personnages principaux, que l’ont suit sans vraiment savoir pourquoi.
Les membres du Suicide Squad ne sont d’ailleurs pas si méchant que ça, et les ennemis contre lesquels ils se battent ne sont ni charismatiques (on peut même dire sans honte qu’ils sont tout simplement moches) ni même intéressants. Le côté subversif que l’on attendait (relayé par la campagne marketing du film mais aussi par les médias qui s’empressaient de faire gonfler les choses) n’est tout simplement pas présent.
Certains ont beau avoir critiqué Batman V Superman pour son côté trop sérieux, mais on se dit que Suicide Squad aurait peut être mieux fait d’avoir été traité de cette manière là aussi (même si Margot Robbie se débrouille très bien en Harley Quinn, et hérite des meilleures répliques)…
Marvel est rodé depuis des années avec son modèle efficace, cocktail d’action et d’humour, mais leurs scénarios ne sont pas délaissés pour autant (il n’y a qu’à regarder le dernier Captain America Civil War, avec son méchant à mille lieues du Supervillain invincible, pour s’en convaincre). Warner et DC veulent rattraper le temps perdu – selon eux – en copiant plus ou moins ce modèle (les scènes post-crédits, les caméos). Mais à force de courir après Marvel, ils finissent par aller trop vite jusqu’à s’en brûler les ailes, tout simplement.
Suicide Squad se laisse malgré tout regarder. Le film reste (un peu) divertissant, il y a des répliques sympa mais l’ensemble reste creux, car les enjeux dramatiques ne sont pas là…Soyez prévenus ! Il faudra probablement espérer une version Director’s Cut, un montage du film plus « sombre » existerait, mais aurait été amputé et remonté, donnant la version que l’on peut voir actuellement au cinéma. D’ici à ce que l’on ait une autre Ultimate Edition pour rattraper le coup…
Conclusion
Tape-à-l’oeil, mais pas très passionnant. C’est ce que l’on pourrait retenir après avoir vu le film. Handicapé par des problèmes de production et l’échec critique de Batman V Superman, vendu comme un film de méchants irrévérencieux notamment par une campagne promo assommante, Suicide Squad se retrouve coincé à cause d’une promesse qu’il ne pouvait clairement pas tenir. Malgré son casting sympa mais inégal, on peine à s’attacher à des personnages caricaturaux ou quasi inexistants, la faute à l’absence totale d’un véritable enjeu. Avec son scénario faible et son rythme assez inégal, il se laisse regarder, sans plus.
Prochaine étape pour le DCEU, Wonder Woman, en juin 2017.
Suicide Squad trailer 3 vostfr
Pour aller plus loin avec Suicide Squad :
Merci pour cette critique.