Publiée en 2013, The Wake est une bande-dessinée écrite par Scott Snyder (American Vampire, Batman), dessinée par Sean Murphy (le génial Punk Rock Jesus bientôt en chronique sur le MdR) et colorisée par Matt Hollingsworth (remarqué pour la série Preacher). Un trio qui a travaillé en bonne symbiose pour un résultat plutôt génial. Un scénario solide, un dessin sec et incisif et des couleurs splendides malgré une histoire tout en noirceur. Le bleu des profondeurs, bien réussi, est oppressant. D’ailleurs, inspirez profondément, c’est l’heure de plonger dans les abysses. Ou dans vos propres chimères.
L’histoire débute avec la biologiste marine Lee Archer, recrutée par le gouvernement pour une expédition secrète en plein Arctique. Une étrange créature a été capturée dans les fonds sous-marins. Lee Archer, spécialiste de la faune sous-marine, découvre avec stupeur une réelle chimère marine. Sirène impressionnante, imposante, rapide, et pour le moins, agressive. L’équipe de recherche est constituée d’un professeur de folklore et mythologie, d’un mercenaire, d’un agent du gouvernement et d’un autre professeur des fonds marins. La base, située sous la mer et accessible par un petit submersible, est un hommage certain aux deux films cultes, The Abyss et The Thing.
D’ailleurs, la première partie est un huis-clos stressant, nerveux et oppressant, servi par une histoire rythmée, intéressante, dans laquelle se mêlent des mythes et légendes chers à Scott Snyder. Quelle est cette chimère ? D’où vient-elle ? Que recherche-t-elle ? Beaucoup de questions, et des réponses qui viendront ingénieusement dans la deuxième partie. Il faut également noter l’originalité de certaines idées : la base sous-marine, un catamaran sous-marin de combat et d’autres surprises… A souligner aussi l’effet hallucinogène du poison émis par la créature marine qui instille en nous nos propres peurs et souvenirs. La chimère s’infiltre dans notre esprit. Sonde notre âme. L’abysse s’analyse ici comme métaphore de notre inconscient qui ressurgit par une descente en profondeur. Une première partie abyssale, sombre et glaçante.
La deuxième partie de The Wake change assez radicalement. Les couleurs sont plus chaudes, on y observe un ton jaune orange qui accompagne très bien l’univers post-apocalyptique que l’on découvre dès les premières pages. Notons encore une fois l’excellent travail de Matt Hollingsworth qui a d’ailleurs colorisé toute la bande-dessinée en une seule fois. Pour ce travail, il s’est inspiré du fameux peintre d’estampe sur bois japonais, Hiroshi Yoshida.
L’histoire n’est plus confinée, l’action se passe géographiquement sur plusieurs fronts et s’élargit vers d’autres horizons insoupçonnés. Pour converger vers une fin habile, surprenante et maîtrisée. Les idées et théories proposés par Scott Snyder ne sont ni hasardeuses, ni à mettre au placard. Elles nous poussent même à réfléchir aux questions métaphysiques qui traversent notre esprit et ont traversé l’esprit de bons nombres de nos ancêtres. Qui sommes-nous ? D’où vient-on ? Où allons-nous ?
Conclusion
Pari réussi pour The Wake qui revisite magistralement les origines de l’espèce humaine et l’évolution de l’humanité, tout en nous emmenant dans les tréfonds des abysses pour exorciser nos propres démons.
Mega fan de Sean Gordon Murphy, donc faut que je lise ça ! et je conseille Tokyo Ghost qui est remarquable !
C’est noté pour Tokyo Ghost;-)