Cet article fait partie de notre dossier consacré à la saga Metro, dont le sommaire se trouve ici. |
Alors que Metro 2035 sort enfin officiellement en France (avec près de deux ans de retard tout de même…), il est temps de se pencher sur cette saga post-apocalyptique anxiogène initiée par l’écrivain et journaliste russe Dmitry Glukhovsky. Bienvenue dans l’enfer du métro de Moscou avec Metro 2033 !
Suite à une guerre atomique, l’espèce humaine n’est plus la bienvenue à la surface et se réfugie dans les sous-sols. La vie continue dans le métro, où les habitants s’adaptent tant bien que mal aux conditions extrêmement difficiles. En 2033 à Moscou, en Russie, la station VDNKh (prononcez “ve-de-en-kha”) subit l’assaut régulier de créatures surnommées les “Noirs” (« Dark ones » en anglais, nous les surnommerons les “sombres”), dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’elles sont particulièrement dangereuses.
Pour tenter de savoir ce qu’il se passe, “Hunter”, un des Stalkers assez courageux pour aller à la surface de temps à autre, décide de traverser le tunnel nord, au-delà de la limite des 700 mètres, d’où personne n’est jamais revenu…Au cas où il ne reviendrait pas, il confie au jeune Artyom, âgé d’une vingtaine d’années, et qui vit avec son père adoptif, la lourde tâche de se rendre à Polis, le dernier bastion de la civilisation, pour délivrer un message à un certain Melnik…
Dès le premier chapitre, Metro 2033 nous plonge dans une ambiance paranoïaque, avec son lot de légendes horribles transmises par les colporteurs et les gardes aux avant-postes de chaque station. Car c’est un vrai microcosme humain que l’on découvre sous terre, une version déformée de la société qui vivait avant à la surface. Même acculés, les habitants de Moscou et des environs ont (re)créé près d’une dizaine de factions ou confédérations, telles que « La Ligne Rouge », habitée par des nostalgiques de l’époque communiste, ou « Le Quatrième Reich », son pendant néo-nazi. Il existe aussi d’autres factions plus neutres, ou celles faisant du commerce. Au fur et à mesure de son voyage, Artyom découvre ainsi de nouvelles factions plus ou moins dangereuses, et fait la connaissance de personnages intéressants et intrigants (notamment Khan, qui se dit être la dernière incarnation de Gengis Khan) que l’on quitte parfois dans des conditions particulièrement stressantes et marquantes, voire terrifiantes (La rencontre inoubliable avec le premier « bibliothécaire » à la Bibliothèque Lénine !)
L’ambiance du roman, bien qu’assumant son côté fantastique, profite néanmoins énormément de l’héritage soviétique, les noms, lieux (les stations citées existent réellement), descriptions, mentalités, et impose un rythme particulier, volontairement posé. Les personnages discutent beaucoup entre eux, et le fait de ne pas avoir d’action non-stop constitue un point fort du livre, tant il participe à l’atmosphère. On se croit vraiment dans les tunnels du métro moscovite, on y est !
De plus, Metro 2033 ne verse pas dans le gore, mais plutôt dans l’épouvante, capable d’instaurer l’angoisse en faisant tout simplement appel à notre peur de l’inconnu. On pense notamment au moment où une expédition, accompagnée d’Artyom, atteint la surface, sous le regard de créatures inquiétantes et d’un environnement qui respire le danger…À tel point qu’à plusieurs reprises durant la lecture, on se dit que le roman mériterait vraiment une (très bonne) adaptation au cinéma !
Le parcours d’Artyom, rythmé par son passage de station en station pour atteindre la lointaine Polis, sera semé d’embûches, et le mystère concernant les « sombres » ne sera dévoilé qu’à la toute fin, de manière un peu décevante d’ailleurs, car confuse. Mais cela n’enlève vraiment pas le plaisir que l’on a eu à suivre cette aventure intense.
Conclusion
Metro 2033 nous plonge dans une histoire au rythme volontairement posé, mais distille une ambiance anxiogène progressive. Avec des scènes particulièrement intenses, le livre s’avère passionnant, jusqu’à un dénouement assez inattendu, quoiqu’un peu décevant.
À propos de la saga MetroEcrit à partir de 2002, mais publié seulement en 2005, Metro 2033 fut d’abord mis en ligne gratuitement en chapitres sur internet, et n’a réellement connu de succès en dehors de la Russie que grâce à son adaptation vidéoludique du même nom en 2010. Le roman Stalker (Roadside Picnic, ou Pique-nique au bord du chemin), écrit par les frères Arcadi et Boris Strougatski en 1972, constitue une des inspirations des livres et des jeux de la saga Metro. C’est ce même livre qui a inspiré aussi le fameux film Stalker d’Andreï Tarkovski en 1979. Metro 2033 a connu une suite indirecte en 2009 (2011 en France), nommée Metro 2034, située 1 an après le premier, avec pour protagoniste Hunter. Un deuxième jeu en 2013, intitulé Metro : Last Light, constitue une suite directe et inédite à Metro 2033, et aurait servi d’ébauche au dernier roman, Metro 2035, sorti le 12 juin 2015 en Russie (23 mars 2017 en France). La saga Metro possède aussi un univers étendu, puisque Dmitry Glukhovsky encourage ses fans ou auteurs à créer de nouvelles histoires inspirées de son univers. C’est donc pas moins d’une soixantaine de nouveaux romans et histoires courtes (qu’on imagine de qualité inégale) qui depuis ont fait leur apparition. |
Pour aller plus loin dans les tunnels du métro :