2 autres articles concernant Les Lunes de Sang : L’avis de Ludovic Blay sur la saga, et son parcours éditorial par Michel Borderie ! |
Pendant les 13èmes Rencontres de l’Imaginaire à Sèvres, fin novembre 2016 (voir notre article ici), nous avions rencontré et interviewé Anaïs Cros, auteure de la série de romans Les Lunes de Sang. Voici donc cet entretien, qui complète l’article de Ludovic Blay, et celui de Michel Borderie sur cette saga et son parcours éditorial en 10 ans !
Bonjour Anaïs Cros, aujourd’hui nous allons parler de votre série de romans Les Lunes de Sang. Depuis combien de temps cette histoire a-t-elle commencé ?
Anaïs Cros : Bonjour, ça a commencé il y a déjà dix ans. Mon tout premier éditeur, Nestiveqnen, avait publié le 1er tome. Lorsque Nestiveqnen a coulé, j’ai tenté l’auto-édition pour le 2ᵉ tome, mais ça n’a pas trop marché. Puis l’éditeur Lokomodo a récupéré pas mal d’auteurs de Nestiveqnen. Les tomes 1 et 2, puis 2 et 3 sont sortis en poche. Le 5 et 6 étaient prévus, mais Lokomodo a aussi coulé. Grâce à Michel Borderie, qui travaillait chez Armada et qui avait fait les illustrations chez Lokomodo, Armada a décidé de rééditer toute la série en 3 volumes, avec 2 tomes par volume.
Que racontent Les Lunes de Sang ?
A.C : Pour simplifier, c’est Sherlock Holmes dans un univers de Fantasy. Le narrateur est un médecin nain (Evrahl) qui cherche un colocataire, et va tomber sur ce détective un peu bizarre et très observateur (Listak). Ils vont mener une enquête, mais le personnage du nain est un peu moins simple et plus ambiguë que Watson chez Conan Doyle. Il va y avoir un petit conflit d’intérêt entre eux et leur relation va donc se complexifier.
L’univers des Lunes de Sang est-il peuplé de créatures ?
A.C : Oui, il y a déjà le narrateur nain, il y a des elfes, des Lunaires, qui sont des sortes de vampires, mais aussi des petits lutins. J’ai voulu malgré tout rester sobre et ne pas mettre trop de créatures différentes. Il y a un peu de magie, c’est un univers plutôt médiéval, mais qui lorgne un peu vers le XIXᵉ siècle en référence à Sherlock Holmes, et qui se concentre plus sur l’enquête.
À ce propos, est-ce qu’il y a une enquête générale ou plusieurs enquêtes ?
A.C : Tout commence avec le suicide du goûteur royal. Les enquêteurs vont petit à petit découvrir plein de ramifications en partant de ce suicide qui n’est peut-être pas aussi innocent qu’il en a l’air. Puis l’enquête va prendre plus d’ampleur et va leur faire explorer une bonne partie de cet univers. Et ce n’est que le premier bouquin !
Pourquoi cette inspiration de Sherlock Holmes ?
A.C : Tout simplement parce que je suis une grande fan du personnage ! (Anaïs nous montre en même temps son T-shirt de la série Sherlock avec Benedict Cumberbatch)
Ce qui m’a toujours beaucoup plu dans les livres de Conan Doyle, au-delà de l’intelligence exceptionnelle du personnage, c’est la relation entre Holmes et Watson. C’est cette espèce d’amitié inconditionnelle, cette dynamique entre les deux personnages que j’ai voulu explorer davantage que Doyle ne pouvait le faire à son époque.
Combien de temps a duré l’écriture de ces 6 tomes ?
A.C : 10 ans à éditer (voir l’article consacré au parcours éditorial assez chaotique des Lunes de Sang), mais moins à écrire, d’autant plus que j’écrivais d’autres livres entre chaque tome. Mais c’était moins Fantasy et plus orienté Fantastique. Je lis très peu de Fantasy, et j’en connais très peu, c’est peut-être aussi pour ça que mon style peut différer avec la Fantasy classique, puisque je ne connaissais pas les classiques et je ne pouvais donc pas m’y référencer.
Pourriez-vous nous décrire en quelques mots les principaux personnages ?
A.C : Le narrateur (Evrahl) est un médecin nain, d’un âge moyen. Il a perdu toute sa famille dans une grande guerre qui a impliqué beaucoup de peuples. C’est quelqu’un de bon, mais vu ce qu’il a vécu, il va peut-être un moment s’égarer (elle sourit).
Listak, le personnage inspiré de Sherlock Holmes, qui est demi-Lunaire, donc moitié vampire, est quelqu’un d’hyper observateur, froid, qui va petit à petit se dévoiler un peu plus. Amhiel, une jeune femme qui au début s’occupe juste du ménage et de la cuisine, mais qui va avoir un rôle de plus en plus important. Il y a le fou du roi aussi, qui est clairement inspiré des romans de Robin Hobb, et qui a une façon de parler assez spéciale. Plus de nombreux personnages secondaires évidemment.
Quelle est votre méthode d’écriture ?
A.C : Au début j’ai commencé sans plan, sans rien. Mais je me suis rendu compte que ça n’était pas très viable. Maintenant, je rassemble mes idées, je fais plus ou moins une trame grossière. Le plus important c’est d’avoir le point de départ et le point d’arrivée, sinon ça ne marche pas. Je ne suis pas une maniaque des plans, mais j’ai tendance de plus en plus à structurer, car ça aide à complexifier les choses, et à retomber sur ses pieds. C’est pas toujours évident quand on commence un bouquin de 600 pages de se rappeler ce qu’on a dit à la page 150 (rires).
A une époque j’écrivais 2 bouquins par an, donc j’ai un bon rythme d’écriture. Ce sont toujours des gros pavés, je ne sais pas écrire court (rires). Je n’écris pas tous les jours, mais je peux écrire 15 à 20 pages d’un coup.
Quels sont vos projets ?
A.C : J’ai un projet plus orienté vers le Fantastique, parce que je voulais revenir à quelque chose qui se passe dans notre monde. Mais pour l’instant ce n’est qu’un manuscrit.
Question qui tue, quelle est votre couleur préférée, et pourquoi ?
Anaïs Cros : Le bleu, et je ne sais pas pourquoi (rires)
Propos recueillis par Thomas Leroux et Gillen Azkarra pendant les 13ᵉ Rencontres de l’Imaginaire.