Réalisateur de l’excellent film Les Evadés (The Shawshank Redemption) ainsi que de La Ligne verte (The Green Mile), deux adaptations de nouvelles de Stephen King, Frank Darabont signait en 2007 une 3ᵉ adaptation du célèbre écrivain du Maine, The Mist !
Après avoir lu la nouvelle dont il est tiré (voir notre chronique ici), revoir The Mist montre à quel point Frank Darabont parvient à respecter l’essence de l’écrit, restant particulièrement fidèle au matériau d’origine (jusque dans certains dialogues très précis) tout en se permettant des accentuations et des ajouts bienvenus.
Désormais, l’intrigue du complot gouvernemental (le projet « Arrowhead » évoqué dans la nouvelle) est rapidement mise en avant, à travers les militaires (notamment Wayne Jessup), et une scène de lynchage particulièrement marquante, provoquée par Mme Carmody. Cette illuminée voit d’ailleurs ses scènes accentuées, la rendant plus dangereuse encore que son personnage dans la nouvelle. Les dialogues ajoutés font mouches, et renforcent le caractère de certains personnages.
On trouve plusieurs acteurs et actrices des autres films de Frank Darabont (Laurie Holden et Melissa McBride, qui joueront ensuite dans la série The Walking Dead, ou encore William Sadler), ce qui constitue un casting solide. Le personnage de Mme Carmody, interprété par Marcia Gay Harden, est vraiment réussi. Thomas Jane, dans le rôle de David Drayton, n’est pas très expressif mais parvient tout de même à rendre son personnage attachant et crédible.
Les effets visuels des créatures, bien que réalistes, ont un peu vieilli, mais cela n’a que peu d’impact de manière générale. À la vue de certaines d’entre elles, les joueurs penseront inévitablement à Silent Hill (outre le brouillard permanent présent dans le jeu, on y voit aussi des sortes de ptérodactyles). Les développeurs ne cachent d’ailleurs pas s’être inspirés de The Mist.
Enfin, on perçoit des références à Stephen King et John Carpenter dès l’ouverture du film, où l’on voit David Drayton peindre des tableaux représentant le Pistolero de la saga La Tour Sombre, et l’affiche du film The Thing ! Quant aux références à Lovecraft contenues dans la nouvelle (l’expression « cyclopéen » pour désigner des proportions gigantesques), elles sont ici présentées par le design très « tentaculaire » de la créature géante à la fin du film, évoquant les Grands-Anciens comme Cthulhu, créés par le Maître de Providence…
On peut néanmoins reprocher à la photo un aspect très téléfilm, dû au fait qu’une réalisation caméra à l’épaule prenait moins de temps et d’argent que les grues habituelles (les financiers ont accepté la fin du film que voulait Frank Darabont, mais en contrepartie d’un budget limité à 18 millions de dollars et d’un temps de tournage restreint de 5 semaines seulement).
Comme dit plus haut, la fin du film est donc différente de la nouvelle. Sublimée par la musique de Dead Can Dance, et emprunte d’un désespoir énorme, celle-ci a été approuvée par King, qui la qualifia d’ « effrayante ». Cette fin, associée à un respect du matériau d’origine, rendent la nouvelle et son adaptation complémentaires.
Conclusion
The Mist est une excellente adaptation de la nouvelle de Stephen King, particulièrement fidèle, tout en proposant des ajouts intéressants qui accentuent la critique de King. On peut néanmoins lui reprocher une photo très téléfilm, mais cela n’enlève en rien le traitement des thèmes abordés. Conclu par une fin différente de la nouvelle, mais emprunte d’un désespoir rarement vu au cinéma, et sublimée par la musique de Dead Can Dance, The Mist nous laisse bouche bée !
The Mist – Réal : Frank Darabont – Durée : 2h05 – Sorti le 27 février 2008
Pour braver la brume…