C’est l’histoire de Minority Report, une série dérivée du film du même nom et de la nouvelle de Philip K. Dick, qui n’aura pas duré bien longtemps…
Minority Report en série ? Et bien pourquoi pas ? Après tout, le film datant de 2002 ne respectait pas vraiment la nouvelle de Philip K. Dick, mais était pourtant très bon. Seulement n’est pas Spielberg qui veut, même quand c’est lui qui produit…C’est donc le 21 septembre dernier qu’a été diffusé l’épisode pilote sur la Fox, pour un total de 13 épisodes. Mais suite à de mauvaises critiques et une baisse d’audience qu’on pourrait qualifier de catastrophique, seule une saison de 10 épisodes sortira du four, dont les inégalités trahissent la possible remise en question perpétuelle de cette série durant sa production.
Situé en 2065, soit dix ans après la fin du film, et donc la fin de Precrime, la série dépeint ce que sont devenus les 3 « précogs » (diminutif de « précognitifs »), Agatha, Arthur et Dashiell. Ce dernier, qui continue d’avoir ses visions, ne bénéficie plus de la complémentarité de ses jumeaux et ne perçoit donc que des fragments des meurtres à venir. Malgré tous ses efforts, il ne parvient jamais à sauver les gens dont il voit la mort prochaine. Et c’est à partir de cette frustration qu’il va croiser sur son chemin l’inspecteur Lara Vega, qui enquête justement sur la dernière victime qu’il n’a pu sauver. Les deux personnages vont donc composer un duo officieux pour tenter de résoudre des enquêtes.
Et c’est la que tout s’écroule…car l’idée de départ est plutôt intéressante (que deviennent les précogs après la chute de Precrime ?), mais un sentiment horrible de déjà-vu nous envahit lorsque l’on s’aperçoit dès l’épisode pilote que cela ne sera en fait qu’une énième série procédurale avec un habillage science-fictionesque.
Ce premier épisode fait vraiment peur, de par son intrigue inintéressante, et même si l’introduction du personnage de Dash (l’un des précogs donc) est plutôt correcte, celle des autres personnages n’est clairement pas à la hauteur. De plus, le traitement de la série est différent de celui du film de Spielberg : Là où John Anderton (Tom Cruise) évoluait dans un environnement plutôt sombre, mature et prenant, l’ambiance de la série est presque l’exact opposé et à aucun moment on ne se sent oppressé par qui que ce soit ou quoi que ce soit. Il n’y a qu’à regarder la scène dans le premier épisode où Vega analyse le déroulement du meurtre, avec sa musique Rn’B sortie de nulle part, pour s’en convaincre. D’ailleurs en parlant de ça, il faudra m’expliquer pourquoi les personnages ont le besoin vital de citer Beyoncé ou Iggy Azalea, si ce n’est qu’histoire de montrer qu’on est en 2065 et que ces trucs là, c’est vieux…
Et tout d’un coup, le troisième épisode arrive et redresse (un peu) le niveau, ça progresse légèrement avec le quatre et cinq, mais reste quand même plutôt mauvais. On note aussi un changement esthétique puisqu’à partir de l’épisode 6 la série se « J.J Abramise » (pardonnez-moi l’expression). En effet, des « lens flares » (les halos des sources lumineuses) deviennent très présents. Jusque là rien de grave, sauf que cela s’accentue progressivement à chaque nouvel épisode, jusqu’à l’écoeurement. L’intrigue principale n’est pas mauvaise en soi, mais peine à créer un tout cohérent car elle se trouve constamment détournée par les sous intrigues présentées dans chaque épisode. Il serait intéressant de pouvoir visionner les fameux trois épisodes manquants pour voir s’ils apportaient quelque chose, ou s’ils ne faisaient que noyer le précog un peu plus…
Conclusion
Personnages pas terribles, sous-intrigues qui servent à meubler, humour qui peine à atteindre son but et dialogues très inégaux plombent cette série pas vraiment convaincante. Ajoutons la routine du standalone procédural, un épisode correspond à une enquête, et on a trouvé le cocktail parfait pour bien dormir. La série Minority Report est une déception que même les precogs n’ont apparemment pas anticipé. La série s’améliore néanmoins un peu au fil des épisodes, mais ce n’est clairement pas à la hauteur de ce que l’on était en droit d’attendre d’une série portant ce nom. Le plus difficile à avaler en fin de compte c’est que c’est Spielberg lui-même qui en est le producteur exécutif…Autant revoir le film, bien meilleur et moins long !
Minority Report – FOX – 1 saison de 10 épisodes