2017 étant clairement marquée du sceau de Stephen King comme le rappelait la récente chronique de The Mist sur le Mont des Rêves, l’occasion de se replonger dans son univers était donc tout indiquée. Focus sur Les yeux du dragon, un des romans les plus méconnus de l’écrivain du Maine, mais pas forcément son plus mineur.
Il était une fois le Royaume de Delain où vivait le bon roi Roland. Ce dernier avait deux fils, Peter et Thomas, son cadet. Conseillé par son magicien, Randall Flagg, Roland s’efforçait d’être un bon souverain au cours d’un long règne paisible. Son seul fait d’arme véritablement important étant la tête de dragon en trophée accrochée dans le hall du château, on ne peut pas dire que le pays était très troublé. Bien sûr il y avait toujours des petits délits ça et là, mais après que le juge Anders Peyna eut tranché, tout rentrait dans l’ordre.
Pourtant jour après jour, année après année, l’ombre maléfique de Flagg s’étendait sur le royaume, obscurcissant même le jugement du roi. La magicien oeuvrait dans l’ombre et nourrissait de grands plans à même d’ensanglanter toutes les régions. Mais pour cela, il lui fallait accéder au pouvoir par le biais d’un être fort malléable. Le pouvoir en lui-même ne l’intéressant pas, les moyens de le détourner pour ses buts, si. Et quoi de mieux qu’un jeune prince naïf et pas encore au fait de la politique ? Mais pour cela Flagg devrait se débarrasser du roi sans risquer d’être pris en coupable et donc envoyé à la potence. Il faut donc un coupable tout désigné. Dans l’imagination tordue du diabolique magicien se met en place alors une sombre machination menant à faire accuser non seulement de parricide mais aussi de régicide le jeune Peter…
Quand King s’attèle à la rédaction de Les yeux du dragon (The eyes of the dragon en V.O), c’est à la base un pari lancé à lui-même. Voyant en effet que sa fille Naomi, âgée de 13 ans alors, ne s’intéressait aucunement au genre fantastique et horrifique (dont ses propres livres), il se met en tête d’écrire un conte et de respecter les règles de ce genre de fond en comble. Exit donc les longues digressions chères à l’auteur sur tel ou tel aspect propre à l’histoire, les descriptions et les pensées de ses personnages. Bienvenue au roi, au chevalier-servant (ici le meilleur ami du héros) ainsi qu’un dragon, un magicien et à défaut de princesse à sauver (l’horrible cliché quoi…), une intrigue presque policière (résoudre l’enquête sur l’assassinat du roi, rétablir la vérité et mettre le véritable héritier légitime sur le trône).
Pari réussi puisque la légende raconte que l’intéressée apprécia particulièrement ce roman fort abordable du grand maître de l’horreur (ici évidemment en mode light). Mais à ce jeu c’est aussi le lecteur qui en ressort gagnant, captivé, tout comme le fan de King lui-même. Ce dernier ne manquera pas de noter la présence de Flagg, magicien obscur à même de voyager entre les mondes : Souvent repérable à ses initiales R.F malgré tous ses pseudonymes, on retrouve le personnage non seulement dans la fresque du Fléau tout comme l’énorme saga de La Tour Sombre dont il en est d’ailleurs l’un des protagonistes principaux.
Conclusion
En se pliant à un genre bien précis avec Les yeux du dragon, King réussit à garder son style et délivre un roman passionnant, quasi cinématographique qu’on peut facilement rattacher à son univers tout en le mettant de côté en parallèle. N’est-ce pas là au fond la marque des grandes oeuvres ?
Les yeux du dragon – Auteur : Stephen King – Editeur : Flammarion – sortie fr : 1984