Entretien avec Jean-Laurent Del Socorro, auteur – ImaJn’ère 2019

Jean-Laurent Del Socorro affiche(Brèves de comptoir

— Il nous reste 4h37 sur l’enregistreur, Jean-Laurent, are you ready pour l’interview, the Interview ? Thomas va faire le back-up avec l’appareil-photo. Tu peux nous parler de tout et de rien pour faire le « testing » ?

— Ça fait bizarre d’être enregistré par un appareil-photo !

— Je sais, mais c’est juste une sauvegarde pour bien avoir ton enregistrement.

  Dans Oss 117, l’appareil-photo serait un tire-bouchon et dans un film Marvel, ça pourrait être un pistolet !)

 

Le Mont des Rêves : Entièrement d’accord, Jean-Laurent Del Socorro ! Et bien, bonjour pour commencer.

Jean-Laurent Del Socorro : Bonjour à vous !

Peux-tu donc te présenter ?

Je suis un jeune auteur, comme on dit, car j’ai écrit pour l’instant deux romans aux éditions ActuSF. Tout d’abord, Royaume de vent et de colères, une fantasy historique période Renaissance – à la fin des guerres de religion -, dont l’action tient place à Marseille. Ensuite, Boudicca, qui est aussi une fantasy historique, se passe au premier siècle après J.C dans l’île d’Angleterre. On suit le personnage de la princesse Boudicca, en résistance contre les romains. J’écris essentiellement du récit historique donc. On peut rajouter quelques nouvelles de science-fiction ici et là.

Tu es passionné par l’histoire ?

Disons que c’est une matière que j’utilise avec beaucoup de plaisir. Après, je suis loin d’être un expert. A chaque fois que j’aborde un roman, une nouvelle période historique, j’ai toujours un spécialiste de l’époque qui me donne un regard bienveillant sur mon texte.

Boudicca - Jean Laurent Del Socorro

Boudicca

Comme dans Boudicca par exemple ?

Oui ! Boudicca est un très bel exemple parce qu’il n’y a que deux sources, et celles-ci sont en plus romaines. On voit  la princesse apparaître à l’âge adulte, sur l’aspect de sa soumission puis de sa résistance aux romains, mais jusqu’à l’âge de 20/21 ans, on ne sait pas d’où elle vient. Est-ce que c’est une princesse celte, une reine celte, une esclave ? Avec un archéologue, on a reconstitué le cadre historique en Angleterre, et on a tenté d’établir une hypothèse historique pour raconter la jeunesse de Boudicca. Et on a eu toute une jeunesse à inventer.

C’est donc ta façon de travailler ?

Absolument. Cette façon me permet de respecter le lecteur. Ça ne veut pas dire qu’il y a quelques erreurs, quelques approximations. Je fais le maximum pour que le cadre historique soit réel et que le lecteur puisse y faire confiance. De plus en plus, je mets une bibliographie. Dans le prochain roman, Je suis fille de rage, sur la guerre de sécession américaine, c’est Bertrand Campeis, spécialiste de l’histoire militaire contemporaine, qui a fait la relecture.

Mais laisses-tu libre cours à la fiction ?

Uniquement dans les creux. Justement, c’est une question que je me pose toujours ! Est-ce qu’on change les choses ? C’est tentant de basculer dans l’uchronie. Dans ma règle du jeu d’écrivain je respecte l’Histoire, mais oui, dans les creux, place à la fiction.

Royaume de vent et de colères - Jean Laurent Del Socorro

Royaume de vent et de colères

Boudicca, le creux, c’est la jeunesse de la princesse, vingt ans. Et là, il y a matière ! Dans Royaumes de vent et de colères, il y a les événements qui se passent dans la cité de Marseille, indépendante à l’époque, pendant les guerres de Religion, mais comme c’est une période très peu documentée, là aussi j’exploite les zones d’ombre.

Au final, c’est de me dire comment arriver à expliquer certains faits par le biais du romanesque. Il y a certaines anecdotes parfois très étonnantes que l’on peut aborder.

Que vas-tu nous proposer  dans ton roman en cours d’écriture ?

On passe à l’époque contemporaine. Dans Je suis fille de rage, le récit aura lieu durant l’intégralité de la guerre de sécession. Ce sera bien une synthèse entre mes deux premiers romans. Ça va être un roman choral avec une quinzaine de personnages qui parleront à tour de rôle, toujours à la première personne, de la première balle tirée jusqu’au dernier coup de fusil rendu. Quatre années de conflit, 1861-1865, à travers les yeux des personnages.

Je voulais faire ça à deux niveaux, travailler à la fois avec des civils et des militaires. Le roman ne parlera pas forcément de la guerre.  On y trouvera vraiment des portraits de personnages : l’esclave affranchi, le général, le politicien, des civils, avec des personnalités comme Lincoln par exemple. Des poètes aussi, sans en dire plus pour laisser lectrices et lecteurs les découvrir, qui ont réellement été infirmiers pendant la guerre et ont écrit des poèmes.

Un petit détail, pour deux personnages historiques, le général Grant et le général Lee, j’ai choisi des retranscriptions de lettres qu’ils écrivaient à l’époque et qui n’ont jamais été traduites en français. j’en ai choisi une petite sélection et leurs lettres, leurs mots, parleront de la guerre à la première personne, au milieu de tous les personnages du roman.

Roman historique ou fantasy historique ?

Alors là on est vraiment dans de l’historique fantasy, presque fantastique. Il y a un film qui m’a beaucoup marqué,  Le Septième Sceau, d’Ingmar Bergman, où un chevalier décide de jouer sa vie aux échecs avec la mort. Du coup la mort est incarnée et elle parcourt les villages.

Dans Je suis fille de rage, la mort s’incarnera au début de la guerre dans le bureau de Lincoln. Il y aura un face à face entre les deux personnages, et y sera questionnée la guerre, la politique et bien sûr l’abolition de l’esclavage qui est en jeu.

La sortie est programmée ?

Le livre sortira en octobre 2019, directement en édition collector aux éditions Actusf. Ca va être un roman plus dense et plus conséquent, environ 500 pages. Comme j’écris court normalement, là, les gens diront enfin : « ah un vrai roman !! » (Rires)

Il y a des auteurs de fantasy historique qui t’ont marqué ?

Je pense qu’il y a deux influences parce qu’on m’a posé la question à l’époque, mais je n’en avais aucune idée. Il y a Pierre Pevel, avec Les Lames du Cardinal et surtout la trilogie de Wieldstadt, qui est une très grande référence, et Ellen Kushner avec son roman À la pointe de l’épée. C’est un texte de fantasy, des histoires de duels dans une France époque Renaissance qui ne dit pas son nom, c’est la seule part fantastique du récit.

Il se trouve que je suis également éditeur aux éditions ActuSF et j’ai eu la chance de pouvoir racheter ce texte et de le ressortir dans une édition inédite qui ressort, hasard du calendrier, en même temps que mon nouveau roman. La boucle est bouclée ! Je rends hommage à cette très grande dame qu’est Ellen Kushner en remettant en avant ce texte qui, je l’espère, retrouvera son public.

Une phrase pour terminer l’interview ?

Il faut lire Ellen Kushner !

Haha, parfait, c’est noté. Et bien merci à toi Jean-Laurent Del Socorro pour ce petit aparté pendant le festival Imajn’ère !

Un grand merci à vous !

(En off, l’auteur nous a aussi avoué qu’il était fan de Guy Gavriel Kay. Malheureusement, la preuve audio a disparu. Alors un dernier conseil chères lectrices, chers lecteurs :

Outre le fait de lire Royaume de vent et de colères et Boudicca, les deux superbes romans de Jean-Laurent Del Socorro, lisez Guy Gavriel Kay, ses univers de fantasy historiques sont magiques et poétiques !)

Merci à Jean-Laurent Del Socorro pour sa sympathie !

Entretien réalisé le 8 juin 2019 durant le festival imaJn’ère 2019 à Angers

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