Le Mont des Rêves a fait un petit tour aux Utopiales 2018, le festival international de science-fiction de Nantes, qui a eu lieu du 31 octobre au 5 novembre, et accueilli pour sa 19ᵉ édition plus de 90 000 visiteurs cette année. Et comme d’habitude, il y a tellement de contenu qu’il y en a pour tous les goûts !
Le festival des Utopiales propose conférences et rencontres, expos, projections de films et courts-métrages en compétition internationale, ainsi qu’un pôle ludique, bande dessinée, jeux vidéo, manga et même un dîner de l’imaginaire avec « Science-Festin » ! Cette année, « le corps » était à l’honneur !
Comportant une trentaine de conférences par jour, il serait trop long d’en parler, mais n’hésitez-pas à y jeter un œil (ou une oreille) car certaines étaient très intéressantes. Vous pouvez en visionner la plupart sur le site ActuSF, ainsi que sur la chaîne Youtube de Laurence Honnorat. Merci à eux !
Courts et long métrages
On commence dans la salle Dune, avec la 5ᵉ session de courts-métrages en compétition internationale (la seule que nous ayons pu voir), particulièrement variée et riche en créativité.
Parmi les plus intéressants, Rust in peace, de Wim Welles – qui a reçu la Mention spéciale du jury – nous présente un robot au look très années 50, qui se réveille dans une décharge, et repart chercher son créateur qui ne veut plus vraiment de lui. Le côté collant du robot envers son maître est assez drôle et l’ensemble fonctionne plutôt bien.
72 %, de Lluis Quilez, expose sa population au manque d’eau. Symbolisé par quelques personnes au milieu d’un désert, qui attendent patiemment chaque jour qu’une bouteille sale se remplisse d’eau depuis une source inconnue venue du ciel, le court-métrage est exagérément long. La fin vaut le coup, mais il n’était clairement pas nécessaire d’attendre aussi longtemps…
Réalisé par Shinya Sugai, Walking Meat redynamisait la session avec ses personnages qui luttent pour survivre dans une usine de zombie, les morts vivants étant devenus une source de nourriture tendance. Dans le plus pur style japonais, cet anime est bien rythmé, drôle et gore.
Toujours du côté des zombies, mais plus sérieux, Riley was here, de Jon Rhoads et Mike Marrero, nous présente un accro aux drogues taper à la porte d’une femme, afin d’explorer un besoin très particulier. Très réussi, Riley was here est sans contexte l’un des meilleurs courts-métrages de cette session !
Session qui se terminait par Lo Siento Mi Amor, d’Eduardo Casanova, dont on ne vous dira quasiment rien pour ne pas révéler la chute, si ce n’est que l’idée est excellente, et le tout bien réalisé. Complètement délirant mais bien trouvé !
Plutôt que de regarder Assassination Nation (qui a finalement reçu le Grand Prix du Jury), nous nous sommes engouffrés dans la salle Solaris, où était projeté Violence Voyager, en présence de son jeune réalisateur originaire de Kyoto, nommé Ujicha, et dont c’est le 2ᵉ long métrage. Il utilise la technique « Gekimation » (littéralement « drame animation »), de petites figurines peintes sur du papier ou du carton, puis animées a la main et filmées en direct, sans oublier des effets spéciaux (fumée, vapeur, liquides divers) pour dynamiser le tout. Proche du principe de motion comics, en plus rudimentaire, on n’imagine pas le temps qu’il faut pour réaliser un film d’animation d’1h20. Violence Voyager est donc une expérience particulière, tant les personnages, sans animation labiale, paraissent pourtant dotés de vie, Ujicha utilisant en plus abondamment les procédés cinématographiques en changeant régulièrement la mise au point d’un personnage à l’autre. Le film raconte la découverte par 2 enfants, Bobby et Akkun, d’un parc d’attraction caché, Violence Voyager, qui cache une triste réalité. Inspiré notamment de films d’horreurs occidentaux, l’univers est assez glauque et fait la part belle aux mutations, dans un style typiquement japonais. Une belle découverte donc, à ne pas mettre toutefois entre toutes les mains, par son contexte très mature.
Après la projection, Ujicha nous a gentiment accordé une photo et nous a même offert un livret de présentation (tout en japonais, et dont il n’avait qu’une dizaine d’exemplaires) de The Burning Buddah Man, son premier long métrage, que nous avons d’ailleurs aussi vu au passage.
Précédé du court métrage Tempura, The Burning Buddah Man est moins abouti et surtout beaucoup plus complexe que Violence Voyager, mais faisait déjà preuve de beaucoup de créativité et d’un style visuel original.
Le lendemain, retour à la salle Dune pour voir Office uprising, de Lin Oeding, une comédie assez délire ou les employés de la société d’armement Ammutech deviennent complètement tarés et agressifs à cause de Zolt, une boisson énergisante. On y suit une poignée de personnages (notamment Jane Levy, vue dans le remake d’Evil Dead et dans Don’t Breathe) qui tentent de survivre dans leur entreprise en proie aux massacres collectifs. Gros délire gore et drôle, Office Uprising, sans être un grand film, est une très bonne surprise bien fun, légère, bien interprétée et bien réalisée !
Mandy, réalisé par Panos Cosmatos et projeté en séance spéciale, était une toute autre histoire. Au début des années 80, un couple subit l’attaque du gourou d’un culte démoniaque et de ses motards venus des enfers. Sa femme ayant été kidnappée, Red (Nicolas Cage) décide de partir en croisade pour la récupérer.
Autant le dire clairement, on n’a pas accroché au concept très « arty » et à la mise en scène boursouflée. C’est une histoire de vengeance classique dans le fond, mais originale dans la forme, dont l’esthétique renvoie aux années 70/80. Grain prononcé, couleur baveuses, ambiance hallucinogène, références à de nombreux films, Nicolas Cage qui pète un câble, etc. De ce côté-là c’est plutôt réussi, mais que c’est long et ennuyeux, pour en fin de compte pas grand-chose !
Côté rétro, ça a commencé assez fort avec deux films de David Cronenberg. La Mouche, mercredi matin pour fêter le début des Utopiales 2018, et Vidéodrome en fin de journée.
Sorti en 1986, la Mouche est toujours agréable à regarder. Un classique pour les amateurs de science-fiction. Enfin, je ne sais pas si agréable est le mot juste. Avec Chris Walas aux manettes des effets spéciaux, certains passages sont assez impressionnants et horrifiants. Et le film n’a pas pris une ride. De bons effets spéciaux combinés aux bonnes prestations de Jeff Goldblum et Geena Davis en font donc un film culte. Précisons juste que c’est un remake de La Mouche noire, film réalisé par Kurt Neumann en 1958, qui s’est lui-même inspiré de la nouvelle de l’écrivain George Langelaan. La Mouche est une fable tragique, un film poignant, où l’amour se mêle au désespoir d’une fin inéluctable.
Ambiance radicalement différente avec Vidéodrome, sorti en 1983. Max, joué par James Woods, dirige une petite chaîne de télé, plutôt branché sur l’érotique, le pornographique et la violence. Une nuit, il capte, avec l’un de ses employés, une émission brésilienne, Vidéodrome, chaîne malsaine qui diffuse tortures et sévices sexuels. Véritables enregistrements ? Reconstitutions ? Difficile pour Max de cerner le réel du fantastique. Petit à petit, la fiction prend peut-être le pas sur la réalité. Ou son imagination. Max se retrouve pris dans un engrenage malsain, plongé à la fois dans une réalité contemporaine et un univers télévisuel qui se mélangent à l’intérieur de sa tête sous formes d’hallucinations de plus en plus fréquentes. Une aliénation mentale progressive qui démontre l’emprise des images et de la télévision sur notre cerveau. On y voit la puissance du pouvoir cathodique. Je vous laisse d’ailleurs découvrir pour ceux qui ne l’ont pas vu notre cher ‘“secours cathodique”’ vu par Cronenberg. Encore un film, pas trop suranné, qui fait date. Vidéodrome n’a pas trop marché à sa sortie mais reste aujourd’hui un film apprécié dans la filmographie cronenbergienne. Notons pour ces deux films la musique réussie d’Howard Shore, sombre, sobre, oppressante (surtout pour Vidéodrome).
Jeudi matin, nous sommes allés voir The Thing, du maître John Carpenter, film que l’on apprécie beaucoup au Mont des Rêves ! Le film était rediffusé dans la salle Solaris, comme les deux Cronenberg d’ailleurs. Point besoin ici de résumer l’histoire. Sorti en 1982, The Thing est un film culte, un classique de l’épouvante/horreur SF. Le film a été diffusé dans sa version restaurée, et il est magnifique ! L’image, les couleurs, le son, les effets spéciaux de Rob Bottin, un film parfait pour les yeux et les oreilles.
Petite anecdote : le film a déjà été présenté aux Utopiales il y a quelques années, et un réalisateur – laissons-le anonyme – l’ayant visionné, décida de réaliser un préquel afin de voir ce qui s’était passé pour l’équipe norvégienne, dont on aperçoit les deux derniers survivants au début du film. Il présenta un scénario aux grands studios qui refusèrent poliment. Quelques années plus tard, le préquel se retrouva sur le grand écran, plus précisément en 2011, dirigé par un autre (obscur et peu prolifique) réalisateur, Matthijs van Heijning. Un film qui rentre dans la catégorie, aussitôt vu, aussitôt oublié…Quant à l’original, il rentre plutôt dans la catégorie inoubliable.
Plutôt que de voir le palmarès ciné final (décidément, nous ne verrons jamais Assassination Nation…), nous avons préféré revenir en enfance le temps d’une projection, avec Les Contes merveilleux de Ray Harryhausen, qui regroupe en un peu plus de 50 minutes 5 courts-métrages réalisés à la fin des années 40 et début 50. On y trouvait Le Petit chaperon rouge, Hansel et Gretel, Raiponce, Le roi Midas et Le lièvre et la tortue. Ces courts-métrages sont évidemment très édulcorés et assez enfantins par rapport aux contes d’origine, mais l’ensemble était très plaisant et l’animation impressionnante !
Pour finir avec le ciné, sachez que même si nous n’avons pas vu les revoir durant ces Utopiales 2018, étaient projetés Frankenstein, La fiancée de Frankenstein, Frankenstein Junior ainsi que Frankenweenie, à l’occasion des 200 ans de Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818-2018)
Plus d’infos : https://www.utopiales.org/edition-2018/